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Quelle histoire! D'un seul geste et d'une seule plainte, d'abord inexprimée puis explicite, l'accusation de tricherie portée par Magnus Carlsen a fait le tour du monde comme jamais dans l'histoire des échecs. Il était impossible d'ignorer ses préoccupations et de nombreux joueurs ont exprimé leur soutien. Le problème, c'est qu'en dehors des impressions, d'une histoire de fraude avérée de Niemann dans des tournois en ligne et d'un grand nombre d'enquêteurs en fauteuil, il n'y avait pas de preuve irréfutable que l'Américain ait également triché en présentiel. Il y avait des pages et des pages de graphiques essayant de prouver que quelque chose était pourri au Royaume du Danemark, ou d'autres montrant que les chiffres suggéraient au contraire l'innocence du jeune prodige.
En conséquence, beaucoup de joueurs et de personnes ont opté pour le principe "innocent jusqu'à preuve du contraire". Pour ne rien arranger, l'affaire est rapidement devenue un sujet de plaisanterie lorsque Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, a tweeté de manière irrévérencieuse que la tricherie avait sans aucun doute été réalisée à l'aide de jouets sexuels vibrants. Soudain, même les humoristes ont commencé à ajouter cela à leurs sketches nocturnes:
Bien que l'on puisse, à juste titre, en sourire, le fait est que l'image du jeu d'échecs auprès du public était en train de prendre un sacré coup.
La situation s'est encore aggravée lorsque Magnus Carlsen et Hans Niemann ont été associés dans un tournoi en ligne et que le champion du monde a joué un coup avant d'abandonner, refusant obstinément de jouer contre Niemann – un fait sans précédent dans les échecs contemporains. Le "bruit" que tout cela a provoqué a conduit les médias les plus improbables à essayer d'expliquer à leurs lecteurs ou téléspectateurs ce qui se passait. L'auteur de ces lignes a par exemple été contacté par une chaîne de radio anglophone de Dubaï pour faire la lumière sur cette affaire.
Finalement, Hans Niemann a riposté en intentant un procès retentissant contre les plus grands noms impliqués: citant Magnus Carlsen, dont les entreprises à son nom avaient été acquises par Chess.com pour une valeur supérieure à 80 millions de dollars, Chess.com lui-même, Danny Rensch, l'un des principaux dirigeants de la société, et Hikaru Nakamura. Les dommages-intérêts demandés s'élevaient à 100 millions de dollars contre chacune des personnes citées, soit un total d'un demi-milliard de dollars. Bien sûr, personne ne pensait vraiment que cela atteindrait ce niveau stratosphérique une fois la poussière retombée, mais c'était un témoignage puissant du sérieux de son intention.
Après plusieurs mois, le premier verdict est tombé, et c'est la nouvelle que la plupart des chaînes ont diffusée: l'affaire a été rejetée! Mais cette annonce s'est avérée très prématurée ou, à tout le moins, trompeuse. Le procès a bien été rejeté, mais par les tribunaux fédéraux qui n'ont statué que sur deux points, les accusations antitrust.
Les autres points, tels que la diffamation, n'ont fait l'objet d'aucune décision, et le tribunal a explicitement déclaré qu'ils pouvaient être rouverts pour un litige devant un tribunal d'État. Les représentants légaux de Niemann ont annoncé qu'ils allaient le faire.
Cependant, des négociations ont eu lieu à huis clos entre les principales parties. Chess.com a publié un article annonçant l'accord conclu, avec des déclarations de Chess.com, Magnus Carlsen et Hans Niemann.
Nous sommes heureux d'annoncer que nous sommes parvenus à un accord avec Hans Niemann pour mettre nos différends derrière nous et aller de l'avant ensemble sans autre forme de procès. À l'heure actuelle, Hans a été entièrement réintégré à Chess.com, et nous nous réjouissons de sa participation à nos événements. Nous souhaitons également réaffirmer que nous nous en tenons aux conclusions de notre rapport public d'octobre 2022 concernant Hans, notamment que nous n'avons trouvé aucune preuve déterminante qu'il ait triché dans des parties en présentiel. Nous aimons tous les échecs et apprécions tous les fans passionnés et les membres de la communauté qui nous permettent de faire ce que nous faisons". – Chess.com
Je reconnais et comprends le rapport de Chess.com, y compris sa déclaration selon laquelle il n'y a pas de preuve déterminante que Niemann a triché dans sa partie contre moi à la Sinquefield Cup. Je suis prêt à jouer contre Niemann dans les événements futurs, si nous sommes appariés l'un contre l'autre. – Magnus Carlsen
Je suis heureux que mon procès contre Magnus Carlsen et Chess.com ait été résolu d'une manière mutuellement acceptable et que je revienne sur Chess.com. J'ai hâte de me mesurer à Magnus aux échecs plutôt qu'au tribunal et je suis reconnaissant à mes avocats du cabinet Oved & Oved d'avoir cru en moi et de m'avoir aidé à résoudre l'affaire. – Hans Niemann
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