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La pandémie covide a donné des ailes aux échecs sur Internet. Outre les parties amicales, il y a eu de plus en plus de tournois officiels avec des titres et des tournois où il y avait de l'argent – parfois beaucoup! – à gagner. Bien sûr, depuis que l'on peut jouer aux échecs sur Internet, on y trouve aussi des escrocs qui tentent de gagner leurs parties par des moyens déloyaux. Les plateformes mènent une lutte sans fin contre cette tricherie, appelée de manière un peu réductrice "cheating". Les affrontements avec les joueurs concernés se déroulent la plupart du temps en coulisses, car trop de bruits négatifs ne donnent pas une bonne image des manifestations concernées, dont le résultat est dévalorisé par les tricheurs pris sur le fait.
Chess.com, le plus grand site de tournois d'échecs en ligne, supprime chaque mois plusieurs milliers de comptes de joueurs qui ont triché dans des parties amicales! Pour ce faire, des méthodes statistiques sont utilisées pour vérifier la concordance des parties avec des coups informatiques.
La situation devient particulièrement délicate lorsque les joueurs soupçonnés de tricherie ont des noms célèbres et sont des Grands Maîtres. Cela se produit lors de tournois où il y a des prix en espèces ou des titres à gagner. Chess.com est tellement sûr de ses méthodes de vérification qu'il agisse également contre ces joueurs. Leur compte est bloqué, à moins que le joueur concerné admet la fraude et promet de se comporter désormais correctement. Le jeune GM américain Hans Niemann est l'un de ces joueurs qui n'ont pu jouer sur Chess.com que sous le coup d'une mise à l'épreuve.
Mais les cas de fraude ne se limitent pas à l'Internet. Depuis longtemps ils se produisent également lors de tournois en présentiel - on peut s'attendre qu'avec les avancées technologiques, les cas augmentent exponentiellement... Les logiciels sont toujours plus forts et rapides, et les appareils sur lesquels on peut les exécuter sont devenus de plus en plus petits – aussi bien que les outils de transmission d'information à distance! Bref, cette situation dans le monde des échecs – et les "sports d'esprit" en général – est analogue à ce qu'on connaît sous la forme du dopage dans ce qui est plus traditionnellement considéré comme "sport". La triche informatique est le dopage des échecs.
Au fil des années, l'électronique de transmission est devenue de plus en plus discrète et de plus en plus petite. Après avoir pris conscience du problème, la FIDE et les organisateurs ont tenté de le maîtriser par des mesures de sécurité. Lors des tournois de haut niveau, les joueurs doivent remettre leurs appareils mobiles, leurs smartwatches et même leurs stylos, et dans certains tournois, ils sont soumis à un scan électronique. Cela est-il suffiant? Une grande incertitude règne désormais dans le milieu.
Le problème de la triche a attiré l'attention des médias lorsque Magnus Carlsen s'est retiré de la Sinquefield Cup le 06 septembre, après avoir perdu la veille contre Hans Niemann. Carlsen est un sportif réputé pour sa loyauté, et une telle situation ne s'était jamais produite auparavant. Ce qui est pénible cependant, c'est que le champion du monde a laissé entendre qu'il pensait que Niemann avait triché, sans toutefois ni l'exprimer clairement, ni expliquer comment il s'y prenait – et encore moins apporter des preuves factuelles.
Lors du tournoi en ligne Julius Baer Generation Cup, le Scandinave en a remis une couche. Le 19 septembre, il a abandonné sa partie contre Hans Niemann après n'avoir joué qu'un coup. Quelques jours plus tard, Carlsen a donné une explication assez vague et a fait référence à des cas de tricherie passés de Niemann sur la plate-forme Chess.com. Il a également mentionné une série de comportements inhabituels chez Hans Niemann qui, selon Carlsen, joue ses parties sans aucun effort ni tension – bref, sans émotions... comme une machine.
Le 05 octobre, la plate-forme Chess.com a publié une longue déclaration dans laquelle elle énumère les cas de tricherie que son système de détection a mis à jour et que Niemann a admis – plus de 100 parties – et souligne, statistiques à l'appui, l'évolution très inhabituelle de Hans Niemann, qui a enregistré une progression inhabituellement rapide de ses points Elo.
Parmi les joueurs qui ont pris publiquement et clairement position contre Hans Niemann, il y a aussi Hikaru Nakamura qui, dans ses capsules, éclatait de rire lorsque, dans différentes interviews, Niemann tentait de se défendre – mais surtout lorsque le champion en herbe justifiait ses coups à l'échiquier. En effet, Naka se plaisait à réfuter les variantes exposées par Niemann.
Le 20 octobre, Hans Niemann a annoncé qu'il poursuivait Magnus Carlsen, le Play Magnus Group, le PDG de Chess.com Daniel Rensch, la société Chess.com et Hikaru Nakamura à hauteur de $100 millions chacun pour diffamation, atteinte à la réputation et complot en bande organisée.
Les avocats de Niemann font valoir, entre autres, que Chess.com, Magnus Carlsen et le Play Magnus Group ont des intérêts commerciaux communs, que Chess.com a fait une offre de rachat des actions de Play Magnus Group à hauteur de $81 millions (qui a entre-temps été accepté par les 90% nécessaires des actionnaires de PMG).
Chess.com et Magnus Carlsen ont réagi à la plainte de Niemann et ont déposé le 02 décembre une demande formelle auprès de l'Eastern Missouri District Court pour que la plainte en diffamation de Hans Niemann soit rejetée. Les avocats des défendeurs affirment que la plainte de Niemann n'est rien de plus qu'un coup de publicité.
Selon les explications des avocats de Chess.com, toutes les accusations de Hans Niemann sont infondées. Dans sa plainte, Niemann avait affirmé que les défendeurs avaient agi contre lui en tant que cartel (plainte antitrust selon le Sherman Act), ce qui aurait limité ses possibilités d'obtenir des invitations et de gagner sa vie avec des tournois d'échecs. Niemann n'a pas pu le prouver. Il n'y a pas eu d'accord entre les défendeurs.
L'accusation de diffamation ne s'applique pas non plus, car les défendeurs ont exercé leur droit à la liberté d'expression (loi anti-SLAPP de l'État du Connecticut, où Niemann réside). Se référant à la plainte "Fuqua Homes, Inc. v Beattie (2004)", Chess.com soutient que le Connecticut doit se conformer au jugement de cette procédure. De même, selon les lois de l'État du Missouri, la plainte de Niemann n'est pas fondée, car pour qu'une action en diffamation soit engagée, il est nécessaire que les défendeurs expriment sciemment leurs fausses allégations. Dans le cas de personnes publiques, les allégations doivent également avoir une intention malveillante pour pouvoir être poursuivies en diffamation. Chess.com soutient que les affirmations faites n'étaient ni objectivement fausses, ni malveillantes.
Les autres arguments de la plainte de Niemann ont également été réfutés par Chess.com dans sa demande de rejet de la plainte. Les avocats de Niemann ont maintenant le temps de s'expliquer. En cas d'opposition, l'admission de la plainte fera l'objet d'une procédure orale.
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