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Depuis que Magnus Carlsen a laissé entendre que le GM Dlugy était lié d'une manière ou d'une autre aux accusations de tricherie que le champion du monde à soulevé à l'encontre de Hans Niemann, le GM américain d'origine russe avait refusé de parler aux médias à ce sujet. Il a ensuite publié une déclaration il y a quelques jours et a finalement rompu le silence en accordant une longue interview à Der Spiegel.
L'interview complet en anglais
DER SPIEGEL: Monsieur Dlugy, commençons par le jour où tout a commencé pour vous. Le 21 septembre, Magnus Carlsen a mentionné votre nom dans une interview concernant les allégations de tricherie contre Hans Niemann. Il a dit que vous aviez fait du bon travail en tant que mentor de Niemann. Un compliment sournois.
Dlugy: J'étais assis dans la voiture quand un ami me l'a envoyé. Je l'ai lu et j'ai pensé: c'est bien. Puis il m'a appelé et m'a dit: "Comment ça, c'est bien?" J'ai répondu: "Eh bien, il vient de me féliciter d'être un bon mentor, pourquoi ce n'est pas bien?" Il a répondu: "Quoi? Votre nom est calomnié et détruit sur Twitter." Il m'a expliqué que Magnus prétendait qu'il y avait des parallèles entre Hans et son mentor, que ce dernier l'aidait à tricher. C'était tout simplement fou. Quand je suis rentré chez moi, je l'ai regardé et j'ai pensé: Oh mon Dieu, ces gars sont juste fous. Je n'ai rien à voir avec ça.
DER SPIEGEL: Avant d'aborder ce sujet, parlons des allégations, qui sont apparues peu après les commentaires de Carlsen, selon lesquelles vous auriez triché sur Chess.com en 2017 et 2020. Votre compte a été suspendu, bien que Chess.com n'ait pas annoncé cette suspension à l'époque. Aujourd'hui, cependant, votre trafic d'e-mails confidentiels de l'époque a été divulgué à Vice.
Dlugy: Je participais à un tournoi en ligne sur mon compte en 2017. Pendant que je jouais, j'expliquais à mes élèves réunis autour de moi comment je décide des coups à jouer. Je voulais qu'ils voient comment un GM évalue, et qu'ils puissent me suggérer des coups. Mes élèves sont des joueurs beaucoup plus faibles, donc cela ne m'aiderait pas à m'améliorer. Mais nous avons discuté de leurs idées. Cinq mois après ma suspension, j'ai découvert pourquoi j'avais été suspendu. Un élève avait analysé ma partie avec un programme d'intelligence artificielle sur son ordinateur portable ou son smartphone et m'avait suggéré les coups de l'ordinateur sans que je sache d'où venaient ces suggestions. C'étaient, bien sûr, de bons coups, et je les ai donc souvent choisis. Après la suspension, j'ai dû faire face au fait d'être traité de tricheur. Cela m'a blessé émotionnellement. J'ai immédiatement contacté Chess.com quand j'ai appris ce qui s'était passé. Ils ont dit "OK, mais c'est toujours en violation de nos directives de fair-play".
DER SPIEGEL: Plus tard, on vous a donné une seconde chance et vous avez pu jouer à nouveau sur la plateforme. Mais en 2020, Chess.com vous a accusé d'avoir triché lors du Titled Tuesday, un tournoi doté de prix en argent.
Dlugy: Alors que je jouais la dernière ronde du tournoi, j'ai été banni. Ils m'ont dit que j'avais 72 heures pour avouer. Mais je me suis dit: Quel genre de tricherie? Regardez les parties, où suis-je censé avoir triché? Il n'y a même pas de raison pour que je triche dans Titled Tuesday pour gagner 500 $ ou quelque chose comme ça. Je fais payer plus cher les leçons privées d'échecs. Mais si je n'avais pas avoué, mon compte aurait été suspendu pour toujours et tout le monde aurait pensé que j'étais un tricheur. Je ne voulais pas revivre cela, alors j'ai fait de faux aveux, après quoi mon compte a été débloqué. Chess.com m'a dit que tout était confidentiel.
DER SPIEGEL: Chess.com vous a assuré que tout resterait privé?
Dlugy: Oui, bien sûr. Ils ont écrit sur leur site web et dans des courriels personnels que tout resterait privé. Tout resterait entre nous. Toutes les confessions seraient confidentielles.
DER SPIEGEL: Il n'y avait pas d'autre solution? Vous n'auriez pas pu parcourir les parties avec Chess.com et montrer que c'était des coups humains?
Dlugy: Nous n'avons jamais été jusqu'à envisager une telle solution. Je ne savais même pas qu'il en existait une autre. Mon expérience en 2017 m'a fait réaliser qu'il n'y a aucun moyen de prouver à Chess.com que vous n'avez pas triché, même si vous ne l'avez pas fait. Lorsque j'étais encore actif, j'ai battu Garry Kasparov, le champion du monde en titre, avec les noirs dans une partie à gagner absolument au championnat du monde d'échecs en blitz. Je n'ai pas peur de jouer contre les meilleurs joueurs du monde.
(...)
DER SPIEGEL: À un moment donné, il a cessé de s'améliorer. Que s'est-il passé?
Dlugy: Le problème est qu'il y a eu de grands bouleversements dans la famille. Hans a trois frères et sœurs. L'un des parents a perdu son emploi, ils ont dû déménager, et il y a eu beaucoup d'agitation dans la famille. Pendant cette période, j'ai cessé d'enseigner à Hans. Mais plus tard, sa mère m'a appelé et m'a demandé si je pouvais leur tracer un plan pour ce que Hans devrait faire pour devenir GM. C'était un peu ridicule, car on pourrait écrire des livres entiers sur le sujet. A l'époque, Hans n'a pratiquement pas reçu d'entraînement.
DER SPIEGEL: Mais il était quand même bon aux échecs.
Dlugy: À 16 ans, on lui offre une bourse d'études à la Columbia Grammar School, un lycée de Manhattan, parce qu'il est un très bon joueur d'échecs. Il a donc décidé de déménager à Manhattan dans une chambre près de l'école. À 16 ans, il se débrouillait tout seul. Il a commencé à donner des leçons d'échecs et a suivi sa propre voie. Il était déjà GM. C'est une histoire incroyable.
DER SPIEGEL: Vous avez continué à suivre sa carrière?
Dlugy: J'ai continué à suivre ses parties et je me suis intéressé à sa carrière parce que pour moi, il est le talent le plus intéressant actuellement. J'ai vu beaucoup de jeunes talentueux, mais il y a quelque chose d'inexplicable chez Hans.
L'interview complet en anglais
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