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Lorsque Magnus Carlsen a quitté la Sinquefield Cup 2022, expliquant plus tard qu'il estimait que son adversaire Hans Niemann avait triché contre lui, le monde des échecs a été bouleversé. Il ne fait aucun doute qu'il s'agissait de l'histoire échiquéenne de l'année qui a fait le buzz jusque dans les mass medias. Aucune publication mainstream n'a manqué de l'évoquer dans un contexte ou un autre. L'auteur de ces lignes a même été invité à parler à une chaîne de radio anglophone de Dubaï pour expliquer de quoi il s'agissait.
Certains ont soutenu le jeune Américain en soutenant qu'il était "innocent jusqu'à preuve du contraire", quand d'autres, en se basant sur ses méfaits passés, rappelaient "tricheur un jour, tricheur toujours".
Si l'on se base rien que sur les faits, il faut constater que, bien que des données statistiques aient été produites par des experts de tous bords, tels que le célèbre expert anti-triche Ken Regan, ou des tonnes de tableaux publiés par Chess.com, il ne s'agissait en fin de compte que de statistiques et de preuves indirectes. Rien de concret n'a jamais été étayé par rapport à la dénonciation de Carlsen à la Sinquefield Cup 2022.
Le 20 octobre 2022, Hans Niemann a riposté en intentant un procès stupéfiant de 100 millions de dollars contre Chess.com, Magnus Carlsen, le Play Magnus Group et... Hikaru Nakamura. Le nom de Nakamura dans le procès est vraiment le plus étrange, car bien qu'il ait le plus grand nombre d'adeptes de tous les streamers d'échecs, et qu'il estime que Niemann a probablement triché, il n'est, dans cet affaire, qu'un pékin parmi d'autres qui donne son avis. Ce n'est pas lui qui a accusé Niemann, ni qui s'est évertué à présenter des rapports et des données pour le condamner. Un expert de haut niveau, certes, mais un joueur professionnnel qui a simplement donné son opinion.
L'accusation: "...collusion illégale pour le mettre à l'index de la profession à laquelle il a consacré sa vie" et demande 100 millions de dollars de dommages-intérêts à chacune des parties citées. Ce sujet a déjà fait couler beaucoup d'encre, et vous pouvez trouver des liens vers de nombreux articles publiés ici sur ChessBase News, ou lire le procès original ici.
Il est intéressant de voir sur quoi repose le rejet de la plainte par le tribunal, notamment l'un des facteurs décisifs contre le présupposé "préjudice antitrust". En effet, les juges expliquent que c'est sur ce point que tout s'écroule.
Voici les points essentiels et les commentaires, que même un non-juriste peut facilement comprendre :
Comme la Cour suprême l'a noté à plusieurs reprises, le Congrès a promulgué les lois antitrust pour protéger la concurrence, et non les concurrents. Ainsi, pour obtenir des dommages-intérêts en vertu de la loi Clayton pour une violation de l'article 1 ou de l'article 2 de la loi Sherman, "un plaignant doit prouver l'existence d'un préjudice antitrust, c'est-à-dire un préjudice du type de celui que les lois antitrust sont censées prévenir et qui découle de ce qui rend les actes des défendeurs illégaux". Cela implique que le plaignant "soit la cible de l'activité anticoncurrentielle, et non pas quelqu'un qui a simplement subi un préjudice indirect, secondaire ou éloigné". (p.22)
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Niemann ne parvient pas à alléguer de manière plausible un préjudice antitrust. Encore une fois, Niemann définit le marché concurrentiel des échecs comme "les tournois d'échecs professionnels et les plates-formes d'échecs récréatives en ligne". Mais les préjudices allégués par Niemann ne sont pas liés à une quelconque atteinte à la concurrence sur ce marché. En effet, Niemann n'est même pas en concurrence sur ce marché puisqu'il n'exploite ni un tournoi d'échecs professionnel ni une plateforme d'échecs récréative en ligne. (p.23)
C'est clair. Même si toutes les parties accusées s'étaient sincèrement entendues, comme il le prétend, pour l'exclure du monde des compétitions d'échecs, il ne s'agirait pas d'un préjudice antitrust. Il y aurait pu avoir préjudice antitrust si Niemann eut été en concurrence avec Chess.com en tant qu'organisateur d'événements ou rival potentiel en tant que plateforme de jeu d'échecs récréatif. Ce n'est pas seulement l'interprétation du tribunal, c'est le résultat de la définition par Niemann du marché des échecs compétitifs sur lequel il a établi sa plainte. Puisqu'il n'est en concurrence ni avec l'un ni avec l'autre, il ne peut pas avoir subi de préjudice en matière d'ententes et d'abus de position dominante.
Il y avait également la question de savoir si Hans Niemann avait subi un préjudice du fait de son exclusion de Chess.com, ou. de manière plus lapidaire: "Peuvent-ils faire cela en toute impunité?". Une fois de plus, l'allégation de monopolisation se profile pour contrecarrer sa propre plainte.
Les parties consacrent une grande part de leurs mémoires à débattre de la question de savoir si le prétendu boycott collectif de Niemann sur la plateforme Chess.com devrait être considéré comme une restriction per se, ou présumée déraisonnable, ou s'il devrait plutôt être analysé selon la "règle de raison", en vertu de laquelle la Cour doit tenir compte de l'effet réel de la restriction sur le marché en cause.
La Cour est d'accord avec les défendeurs pour dire que l'exclusion de Niemann de Chess.com pour tricherie présumée est probablement soumise à la règle de raison. Et comme les règles neutres qui interdisent la tricherie sont essentielles pour promouvoir une concurrence loyale et préserver l'intégrité du jeu, l'application par Chess.com de sa règle anti-tricherie ne constituerait pas un boycott illégal. (p.26)
(...)
Comme indiqué ci-dessus dans la discussion sur le préjudice antitrust, Niemann n'a pas allégué de manière plausible que l'application par Chess.com de ses règles – qu'elles soient justes ou non appliquées à Niemann – a affecté de manière négative la concurrence entre les tournois d'échecs professionnels et les plates-formes d'échecs récréatives en ligne qui composent le marché concurrentiel des échecs.
Niemann n'a pas allégué de manière plausible que l'interdiction avait pour but ou pour effet de produire des effets anticoncurrentiels sur le marché concurrentiel des échecs". (p.27)
La Cour fédérale a affirmé que les points 3 et 4 de la plainte initiale ont été rejetés avec préjudice, ce qui signifie qu'ils ne peuvent jamais être rejugés, mais que d'autres points ne relèvent pas de sa compétence et peuvent faire l'objet d'un appel et d'un nouveau dépôt en vertu de la législation de l'État si de nouveaux éléments de preuve viennent les étayer.
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