Festival de Bienne: interview de Peter Bohnenblust

Par ChessBase
25/07/2022 – Le 55e Festival international d'échecs de Bienne – en mémoire de Peter Burri, collaborateur éminent pendant plus de quarante ans, décédé brutalement ce printemps - s'est terminé dimanche. Ce fut une édition extraordinaire tant sur le plan qualitatif que quantitatif: le Triathlon des Grands Maîtres (GMT) et le Tournoi des Maîtres (MTO) ont accueilli des participants d'exception qui offert des échecs digne de leur statut de meilleurs joueurs mondiaux. Avec 931 participants, le Festival a attiré à Bienne un nombre de joueurs encore jamais atteint au cours de ce siècle dans l'enceinte du Palais des Congrès. Au total, 37 pays et 5 continents étaient représentés! Romain Édouard, notre envoyé spécial sur place, s'entretient avec celui qui est le Président du Festival depuis maintenant un quart de siècle déjà! | Photo: Festival d'échecs de Bienne.

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Depuis quand êtes-vous le Président du Festival de Bienne? Pouvez-vous nous décrire votre engagement?

Je suis Président du Festival de Bienne depuis 1998 soit 25 ans, un travail que j'ai réalisé principalement avec Peter Burri et Olivier Breisacher pendant une vingtaine d'années. Mon principal rôle est de gérer les relations vers l'extérieur, avec la Ville et les autres partenaires financiers.

Le Festival de Bienne représente un travail colossal: combien de personne sont impliquées dans l'organisation? Y a-t-il des gens que vous voulez remercier ou à qui vous aimeriez rendre hommage?

La liste des gens à remercier est très longue! Rien que pendant le Festival, nous sommes une bonne vingtaine à travailler. Bien sûr, je souhaite déjà rendre hommage à Peter Burri, décédé en mars 2022. C'est d'ailleurs pourquoi cette édition était officiellement en mémoire de Peter Burri. Nous célébrons également cette année les dix ans d'une autre disparition brutale: celle d'Olivier Breisacher, très longtemps impliqué, notamment en tant que directeur du Tournoi des Grands Maîtres (GMT). Le GM Yannick Pelletier lui a alors succédé, avant que Paul Kohler reprenne ce rôle en plus des fonctions de secrétaire général que lui avait remises Peter Burri en 2018. Paul Kohler travaille tout l'année pour aboutir à ce beau festival de deux semaines.

Le Festival propose des tournois pour les gens de tous âges et tous niveaux: est-ce votre philosophie d'accueillir tout le monde à Bienne?

Absolument. Nous ne sommes pas un simple tournoi mais un véritable Festival ouvert à tous, du débutant au meilleur mondial! Cette année 37 pays étaient représentés, provenant des 5 continents. En 2019, des joueurs représentant 46 nations s'étaient retrouvés à Bienne - notre record.

La vitrine du Festival, le GMT, a beaucoup évolué depuis des années. Il s'agit maintenant d'un Thiathlon (blitz, rapide, classique) avec un tournoi de 960 au préalable? Avez-vous trouvé la bonne formule?

Effectivement, nous sommes ravis de ce format, suggéré par Paul Kohler en 2019. Cette formule est autant spectaculaire qu'exigente. Un beau challenge à relever pour l'élite mondiale; et, avec 35 parties jouées en l'espace de douze jours, la démonstration - pour ceux qui en douteraient encore - que les échecs de haut niveau constitue une discipline sportive fà part entière.

Le Festival de Bienne est l'un des seuls restés ininterrompu pendant la pandémie, cela a-t-il représenté beaucoup de travail?

Effectivement, surtout l'année 2020. Pendant deux ans le public n'était pas admis à l'intérieur du Palais des Congrès et le nombre de joueurs autorisés par salle était restreint. C'est pourquoi nous avons séparé les locaux en deux zones de jeu distinctes. Nous avons également dû élaborer un concept de protection très clair, garantissant que nous prenions toutes les mesures conformes aux lois en vigueur. Un travail harassant, que nous avons été, à l'été 2020, les seuls sur la planète à oser entreprendre, sous la houlette de Paul Kohler, qui voulait démontrer à nos soutiens financiers la qualité et le sérieux de notre organisation. Ce n'est en effet que le 26 juin 2020, que l'entrée en vigueur de nouvelles lois pour la mi-juillet (date du début du Festival) permis la réalisation de cette 53e édition! Nous avons eu le courage de nous préparer et d'anticiper cette éventualité - et d'accepter de prendre le risque d'avoir perdu beaucoup de temps si les lois n'avaient pas évoluées au dernier moment! Nous sommes ainsi désormais le plus vieux festival d'échecs du monde à s'être déroulé sans interruption.

Cette année le Tournoi des Maîtres (MTO) était particulièrement fort: comment expliquez-vous que des joueurs faisant partie du cercle des joueurs à plus de 2700 Elo souhaitent disputer un tournoi open, alors qu'en général, ils privilégient les tournois fermés dans le style du GMT?

Les places dans le GMT étaient limités (huit par année), je crois que beaucoup de joueurs qui n'ont pas reçu - ou pas encore reçu - d'invitation pour ce dernier désirent venir au moins une fois à Bienne. Nous existons depuis 55 ans et le Festival à une excellente réputation tant pour son organisation que pour ses conditions de jeu. D'ailleurs, une majorité de joueurs, qui sont venus une première fois ici, reviennent les années suivantes! 

Qu'en est-il du sponsoring du Festival de Bienne? Comment le Festival a-t-il réussi à percer?

Au tout début, le Festival est bien sûr parti sur des bases plus modestes, mais très vite, d'abord sous l'égide du fondateur Hans Suri, puis sous mon autorité, nous avons réussi à convaincre. Nous comptons maintenant sur divers appuis financiers. Pas seulement la Ville de Bienne et le canton de Berne, mais également des sponsors privés, comme les fondations ACCENTUS et VINETUM. Cette année nous avons aussi reçu un soutien de la FIDE. Les inscriptions représentent aussi 15% du budget du festival. Enfin, nous recevons aussi chaque année de nombreux dons de participants ou d'autres personnes qui apprécient notre travail et l'animation que nous contribuons à mettre dans la région en cette période estivale.

Il est dit que la ville risque de ne pas renouveler ses subventions l'an prochain: pouvez-vous nous en dire davantage et quelles pourraient être les conséquences de cette nouvelle?

Effectivement, CHF 125'000 de subventions sont menacés. Nous avons appris cela il y a trois semaines. En octobre, le Conseil de Ville décidera du budget de l'année prochaine; nous espérons que d'ici-là, la Ville reviendra sur sa décision et nous octroiera au moins une aide partielle. Nous sommes également à la rechercher d'un gros sponsor, comme c'était le cas jusqu'en 1997 avec la banque Crédit Suisse. Mais si la ville se retire et qu'aucun sponsor n'est trouvé, la pérennité du Festival n'est plus assurée. Quoi qu'il en soit, une 56e édition aura lieu en 2023; reste à en définir les contours en fonction des soutiens que nous trouverons.

Nous encourageons bien sûr tous nos supporters à signer la pétition que nous avons lancé!

Magnus Carlsen est venu de nombreuses fois à Bienne, et il a indiqué qu'il s'agissait de l'un de ses tournois préférés. Est-il prévu qu'il revienne?

Bien sûr! Il est venu sept fois, et a été sacré en deux occasions. Lors de sa première apparition dans la cité horlogère, il n'avait que ses 14 ans! Sa dernière venue date de 2018. Nous entretenons de très bonnes relations. Si une grande entreprise nous soutien, il est évident que Magnus Carlsen reviendra à Bienne, pour notre plus grande joie!

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