La nouvelle est parvenue jusqu'aux médias grand public, pour une raison non négligeable, puisque le vénérable journal et site britannique, The Telegraph, a rapporté en détail le vote à venir de la FIDE pour tenter d'annuler l'interdiction, laquelle, suivant l'exemple et les lignes directrices du CIO, a imposé des restrictions similaires aux joueurs d'échecs à celles que subissent les autres sportifs. Face à cela, la Russie a lancé une campagne pour contourner certaines sanctions, le Kirghizstan proposant un vote lors de la prochaine Assemblée générale, le 22 septembre, afin d'annuler l'interdiction des équipes russes dans les joutes échiquéenne, comme le rapporte The Telegraph:

Malcolm Pein, délégué de la Fédération anglaise d'échecs, a déclaré au Telegraph: «Il est clair que le Kirghizstan n'est qu'un mandataire de la Russie dans ce cas, et qu'il est clairement aligné sur la Russie.  Cela se voit à l'augmentation soudaine et colossale des échanges commerciaux entre les pays occidentaux et le Kirghizstan, qui a commencé après l'imposition des sanctions, et qui montre clairement qu'un grand nombre d'actions visant à contourner les sanctions se déroulent également dans le pays.»
M. Pein a averti que si la motion était adoptée, «les échecs risqueraient de devenir un paria dans le sport mondial».

Il convient d'ajouter que ni l'Ukraine ni la Russie ne prennent la question de l'interdiction des échecs à la légère. On estime que 21 joueurs d'échecs ukrainiens sont morts directement dans le conflit.

Les échecs sont si importants pour la fierté russe que Volodymyr Zelensky est intervenu. Le mois dernier, il a chargé Alexander Kamyshin, l'ancien ministre des industries stratégiques, de reprendre le combat en tant que nouveau président de sa fédération nationale.
M. Kamyshin a qualifié la lutte pour le contrôle du jeu d'échecs de «bataille difficile et importante sur le front international».

Si l'aveuglement occidentale peut laisser accroire à leurs citoyens qu'un tel vote serait facilement bloqué par le nombre écrasant de nations en Europe et ailleurs qui opposent leur veto à l'idée même, la réalité est tout autre:

Le Kirghizstan devrait bénéficier d'un large soutien lors du vote du congrès de la FIDE prévu le 22 septembre. Dans le cadre du système «un membre, une voix» de la FIDE, les petites fédérations – parfois composées d'une poignée de membres – sont placées sur un pied d'égalité avec les membres plus importants tels que les États-Unis et l'Allemagne.

L'article complet du Telegraph

N'en déplaise à l'Occident vivant sa chute de Rome, il est en effet probable – en tous cas souhaitable – que ce principe de muItipolarité occasionne un nouveau revers à ceux dont l'impérialisme va-t-en-guerre se drappe sous les bons sentiments et qui aiment à s'appeler eux-mêmes sans vergogne "la communauté internationale".