Échecs et masques!

Par Paul Kohler
08/12/2022 – Alors qu'en France les autorités sont à deux doigts de réintroduire l'obligation du port du masque, sans le moindre document à l'appui démontrant son efficacité, une étude du GM David Smerdon tendrait à démontrer – quoi d'étonnant!? – que se priver d'une bonne oxygénation du cerveau pendant la partie a des conséquences néfastes sur la qualité du jeu. | Photo: Bryan Adams.

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Le port du masque diminue la qualité du jeu, surtout chez les GMs

Le port d'un masque facial réduit-il les performances cognitives? Dans une étude portant sur des joueurs d'échecs internationaux qui ont joué des millions de coups avant et pendant la pandémie de COVID-19, les masques ont considérablement réduit la qualité moyenne des décisions cognitives. Cependant, l'effet négatif est de courte durée et agit principalement sur les joueurs d'élite et dans des contextes à forte incitation, avec un impact minime sur la population plus large des joueurs.

nous explique le GM David Smerdon, qui résume son étude ainsi:

L'utilisation de masques faciaux a été une réponse clé à la pandémie de COVID-19 dans presque tous les pays. Cependant, malgré l'utilisation répandue des masques dans les salles de classe et les bureaux du monde entier, on ne sait presque rien de leurs effets sur la performance cognitive. En utilisant une expérience naturelle, je montre que le port obligatoire de masques a un effet causal négatif sur la performance cognitive des joueurs d'échecs pendant les compétitions. J'ai analysé la qualité de près de 3 millions de coups d'échecs joués par 8'531 personnes (âgées de 5 à 98 ans) dans 18 pays avant et pendant la pandémie. Le port d'un masque a diminué la qualité des décisions des joueurs – une mesure de leur performance cognitive – d'environ un tiers d'écart-type. Cependant, l'effet perturbateur des masques est relativement court, s'affaiblissant progressivement de sorte qu'il n'y a plus de désavantage mesurable à porter un masque après environ 4 heures de jeu. L'effet du masque est déterminé par un effet négatif important pour les experts, avec un changement minime dans la performance à des niveaux inférieurs, et est plus fort dans les compétitions à forte sollicitation. 

Comme on pouvais s'y attendre: 

les masques interfèrent avec la performance lorsque la charge de travail de la mémoire est élevée.

Mais le GM australien n'y voit pas de cause physiologique; plutôt la gêne extérieure, psychosociale, occasionnée par le port du masque:

La diminution des performances était due à la gêne causée par les masques plutôt qu'à un mécanisme physiologique, mais les gens se sont adaptés à la distraction avec le temps.

Rappelons que le pays de Smerdon fut adepte de la politique zéro-covide à la chinoise et des camps d'internements pour les "cas contacts" même testés négatifs au processus douteux – c'est un euphémisme – élaboré par Drosten, dit "test PCR"; peut-être que le Grand Maître, avec cette conclusion inattendue, entend se protéger des attaques que son gouvernement fut capable contre ceux qui osent encore penser par eux-mêmes – on se souviendra du passage avorté de Novax Djokovic en Australie...

Pour notre part, en plus de la gêne comportementale que cause le port du masque, il nous parait évident que perturber la respiration naturelle en empêchant l'apport suffisant en oxygène et forcer la réinspiration de ce qui est destiné à être éliminé par l'expiration a nécessairement un impact physiologique – seuls les suicidaires respirent volontairement les gaz d'échappement...

La raison pour laquelle au niveau amateur la perte de qualité des coups n'est pas flagrante, c'est justement que le niveau est bas, et que les amateurs jouent et réfléchissent en général de manière très stéréotypée, quasi-mécanique.

Au plus haut niveau, si les désavantages sur la qualité des coups joués après quatre heures de jeu sont moins perceptibles, cela peut légitimement être mis sur le fait qu'en général, à ce moment-là de la partie, il ne s'agit plus que de pures calculs mathématiques, les dés de l'intrigue ayant été jetés, les phases les plus pénétrantes et exigeantes de la parties étant maintenant passées:

  1. la forte sollicitation de la mémoire lors de l'ouverture, pour s'y retrouver dans le dédale des variantes préalablement étudiées à la maison,
  2. puis la phase imaginative et spéculative du milieu de jeu, énergétiquement la plus épuisante, se sont déroulées dans les quatre premières heures de jeu.
  3. En finale, la mémoire est donc moins sollicitée. Il s'agit de calculer des variantes concrètes avec moins de pièces sur l'échiquier.

En conséquence, le désavantage en question ne se voit pas avec la même intensité après quatre heures de jeu que dans les phases créatives du jeu. CQFD.  

Même les autorités chinoises ont dû admettre, suite au témoignage vivant de leurs volleyeuses, que le port du masque avait un impact physiologique:

Les Chinoises ont gardé leurs masques jusqu'à la fin du premier set.

Juste avant la fin du premier set, qu'elles ont perdu, certaines joueuses chinoises ont commencé à retirer leurs masques, imitées progressivement par l'ensemble de leurs coéquipières, pour gagner ensuite magistralement le match par 3 sets à 1 contre leurs compères iraniennes. | Photo: XINHUA - SHA DATI. | Source.

Par rapport à la dangerosité supposée de transmission du virus (lequel n'a jamais été isolé, et qui constitue donc une hypothèse heuristique dans une théorie scientifique postulant elle-même l'existence de quelque chose comme la contagion...) par une personne testé positive (qui n'est donc pas nécessairement malade), le dernier championnat du monde de blitz (29-30 décembre 2021) nous fournit une belle expérience in vivo (et en intérieur) contredisant le fondement morbide servant à justifier les lois nocebos de distanciation asociale et les barrières gestuelles, qui ne servent essentiellement que de signe de soumission à l'autorité temporelle.  

Le championnat a failli en effet être annulé après qu'Hikaru Nakamara eut non seulement la mauvaise idée de faire un autotest, mais d'en plus alerter les organisateur que celui-ci était positif – il faut dire que l'Américain, grand spécialiste du jeu à cadence très rapide, avait raté sa première journée de championnat, et qu'une annulation lui aurait donné une seconde chance! –. 

Heureusement, la compétition avait lieu dans un pays de l'Est (Pologne), et le déroulement des festivités a pu continuer normalement, après que les remous occasionnés par les joueurs occidentaux furent calmés – les organisateurs enjoignant simplement à ceux qui le désiraient de mettre un masque s'ils pensaient que cela pouvait les protéger. Tout le monde se remis ainsi à l'échiquier. On voit donc que la dangerosité du virus, pour ceux qui y croient, dépend exclusivement de ce qu'en dit l'autorité locale. S'ils y croyaient vraiment, ceux qui n'avaient plus aucune chance de podium et de prix après la première journée (et ils étaient nombreux...) auraient simplement quitté les lieux face à la menace déclenchée par Nakamura – ce qu'ils n'ont, moutons dociles, bien évidemment pas fait; mais Gustave Le Bon expliquait déjà en 1895 ce genre de phénomène, dont profite aujourd'hui les dominants. On peut penser aussi à l'expérience de Milgram – où encore à ce qu'il reste du devoir de mémoire du suceur de roue pendu pour avoir suivi les ordres...

Et il va sans dire que les participants n'ont eu à subir aucune séquelle de leur intrépide engagement. 

Bref, cela démontre aussi qu'en Occident on est à côté de la plaque quand on confond les hautes qualités qu'il faut pour bien jouer aux échecs avec l'impact que cela peut avoir sur l'intelligence en général... Non, un bon joueur d'échecs n'est pas nécessairement une personne plus rationnelle et intelligente pour appréhender la vie en-dehors des 64 cases de l'échiquier, pas plus qu'un Prix Nobel de physique ne l'est en-dehors de son domaine, comme l'a démontré Alain Aspect, le culte de Mammon – ou la "rationalité économique" si vous préférez – prenant vite le dessus sur l'esprit critique et scientifique...

MVL faisait partie de la minorité des joueurs qui portait le masque dès le tout début de la compétition... au contraire de la toute fraîche recrue tricolore venue d'Iran, Alireza Firouzja – tout un symbole... On notera cependant que, pour la finale devant départager MVL et le héros local Duda, le Français finit par mettre toutes les chances de son côté en baissant enfin le masque!

Maxime Vachier-Lagrave jette le masque pour remporter le championnat du monde de blitz 2021 face au régional de l'étape Jan-Kryzstoff Duda. | Photo: Rafał Oleksiewicz, Anna Shtourman / FIDE.

how the virus works


Après plus de vingt ans passés dans l'organisation du Festival international d'échecs de Bienne (Suisse), Paul Kohler en est maintenant le secrétaire général et le directeur du tournoi fermé des Grands Maîtres (GMT). Depuis septembre 2016, vous pouviez lire ses posts quotidiens et ses tweets pour ChessBase dans la langue de Molière. Dorénavant, c'est sur le portail francophone que vous pouvez lire ses articles.

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