Il y a 25 ans: Deep Blue battait Kasparov

Par Paul Kohler
01/03/2021 – Il y a vingt-cinq maintenant, le 10 février 1996 très exactement, Deep Blue devint la premier ordinateur capable de gagner une partie contre d'échecs contre le champion du monte en titre dans des conditions de tournoi. Cela s'est produit lors de la première rencontre entre Gary Kasparov et Deep Blue, la première sérieuse confrontation "Homme contre Machine". Malgré cette défaite dans la première ronde, Garry Kasparov remportait le match 4-2. C'est l'année suivante, en 1997, qu'il perdait le match revanche contre Deep Blue. | Adaptation d'un article en allemand d'André Schulz.

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Un ordinateur bat le champion du monde

Ce 1er mars 2021, la Poste allemande va éditer un timbre spécial "Deep Blue beats Kasparov", en commémoration de la première partie du premier match "Deep Blue vs Kasparov". Cette partie a eu lieu le 10 février 1996, et vit la machine d'IBM être la première à battre un champion du monde en titre.

 

La tête pensante du projet Deep Blue était le programmeur Feng-Hsiung Hsu. Il le monta avec Murray Campbell à l'université Carnegie Mellon. Plus tard, Jerry Brody et Joe Hoane les ont rejoints. En 1989, l'équipe a transféré le projet à IBM, où le développement s'est poursuivi sous la direction du Dr Chun Jen Tan. L'une des idées était d'augmenter considérablement la vitesse des calculs en parallélisant les unités centrales.

En 1993, les experts de l'ACM (Association of Computing Machinery) ont estimé qu'une profondeur de recherche de 14 demi-coups pouvait battre les meilleurs joueurs humains. En 1996, l'équipe d'IBM pensait que son programme était suffisamment sophistiqué pour défier le champion du monde en titre Garry Kasparov. L'adversaire du champion du monde de l'époque était un colosse d'environ deux mètres de haut, pesant 700 kilogrammes et capable de calculer 200 millions de positions par seconde. Cependant, le "monstre de calcul" n'était pas présent en face de Kasparov.

Du 10 au 17 février 1996, le public pouvait assister au match entre le super-ordinateur et Garry Kasparov au Convention Center de Philadelphie. Alors que le champion du monde était assis devant un échiquier, un opérateur transmettait par clavier interposé les coups de Kasparov à un l'ordinateur. Ceux-ci étaient alors envoyés via une ligne téléphonique à Yorktown Heights, dans l'État de New York, où Deep Blue faisait ses calculs. Une fois que la machine avait décidé de ce qu'elle allait faire, son coup était renvoyé à Philadelphie et l'opérateur le reproduisait sur l'échiquier.

Dans sa préparation pour le match, Kasparov avait envisagé dix concepts d'ouverture différents avec des lignes qu'il ne jouait habituellement pas, car il supposait que l'équipe informatique avait bien préparé sa machine pour ses ouvertures habituelles. Le partenaire d'entraînement de Kasparov était le programme Windows ChessBase Fritz 4. C'est en se confrontant dans de nombreux matchs d'entraînement contre Fritz 4 que le champion du monde a décidé des variantes qu'il allait utiliser pour ce match.

Dans la première partie, Kasparov a décidé de jouer son ouverture préférée, la Sicilienne.Dans un premier temps en effet, le champion du monden voulait apprendre à connaître l'ordinateur en le conviant dans le domaine qu'il connaissait le mieux lui-même. Après la première partie, Kasparov fut très impressionné par la force de jeu de Deep Blue, et en particulier par le coup 23.d5 ! qu'il considère comme un coup humain typique. Après sa défaite, il passera une nuit blanche à reconsidérer sa stratégie de jeu.

Sans surprise, la stratégie de base resta cependant la même. Inévitablement, la bataille devait être menée avec des plans à long terme que l'ordinateur ne pouvait pas calculer. Grâce à de subtiles transpositions dans les ouvertures, Kasparov parvenait à sortir son adversaire hors de la bibliothèque des ouvertures, forçant ainsi a machine à calculer par elle-même le plus tôt possible.

En optant pour la Catalane, une ouverture stratégiquement complexe, Kasparov parvenait, après six heures de lutte, à remporter la deuxième partie. Cette victoire lui remontait le moral. À nouveau pleinement confiant, le champion du mnde gagnait le match sur le score de 4-2 (+3 =2 -1).

Kasparov-Deep Blue 1996

 

Des milliers de spectateurs ont suivi le match au Centre de convention de Philadelphie, et plusieurs millions ont suivi les matchs sur l'internet, qui en était encore à ses débuts à l'époque. La décennie qui va suivre sera une période passionnante pour le développement des ordinateurs et des programmes d'échecs, et la bataille "Homme contre Machine" n'a pas seulement captivé les amateurs d'échecs.

Si dans leur horizon de calcul, les machines ne commettaient évidemment aucune erreur tactique, elles étaient pratiquement aveugles au-delà d'icelui. La stratégie des plans à long terme était donc encore toujours à l'avantage des Hommes, comme les tours de passe-passe au moyen des petites transpositions dans l'ouverture telles qu'utilisées par Kasparov. Mais aujourd'hui, 25 ans plus tard, même les joueurs de classe mondiale n'ont aucune chance les programmes.

Kasparov-Deep Blue, 1997

En 1997, eut lieu une revanche, qui attira encore plus l'attention du public. Cette fois-ci, Kasparov gagnait la première partie. Mais il perdait la deuxième, alors que la position était objectivement nulle. Mettant tout en œuvre pour l'emporter, le champion du monde optait, lors de la sixième et dernière ronde, pour une défense Caro-Kann considérée comme mauvaise si les Blancs étaient prêts à sacrifier du matériel. Or Deep Blue "connaissait" la réfutation, et a sacrifié du matériel, gagnant ainsi la partie et le match!

 

Lors des conférences de presse et d'avant-match, Kasparov aimait à déclarer qu'il défendait "l'honneur de l'humanité" contre le meilleur ordinateur d'échecs du monde. Après sa défaite, certains professionnels n'étaient pas bien disposés à son égard. Ainsi, le toujours mordant Viktor Kortschnoi a-t-il pu faire ce commentaire: "Personne n'a demandé à Kasparov de jouer pour l'honneur de l'humanité, et surtout personne ne lui a demandé de le perdre à cette occasion!"

Déjà en 2012, la Poste d'Ouganda dédiait une série de timbres au combat entre échiquéen entre "l'Homme et la Machine".

 

La Poste du Niger a également mis sur le marché un timbre relayant le jeu d'échecs.

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Après plus de vingt ans passés dans l'organisation du Festival international d'échecs de Bienne (Suisse), Paul Kohler en est maintenant le secrétaire général et le directeur du tournoi fermé des Grands Maîtres (GMT). Depuis septembre 2016, vous pouviez lire ses posts quotidiens et ses tweets pour ChessBase dans la langue de Molière. Dorénavant, c'est sur le portail francophone que vous pouvez lire ses articles.

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