Pourquoi les échecs ne font-ils pas partie du programme des Jeux olympiques?

Par Paul Kohler
25/07/2024 – Nous encourageons l'idée d'intégrer les échecs dans le cadre des Jeux Olympiques, et nous espérons donc que la direction actuelle de la FIDE ne déclinera pas cette aspiration. En ce sens, nous pensons que nous devons redoubler d'efforts pour que ce rêve devienne réalité à Los Angeles 2032. | Adaptation d'un article en espagnol du Dr. Uvencio Blanco. | Image: ChessBase, ray tracing.

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Du 26 juillet au 11 août – إِنْ شَاءَ ٱللَّٰهُ – se dérouleront à Paris la XXIIIe édition des Jeux Olympiques d'été de l'ère moderne. Plus de 4'000 athlètes issus de 184 délégations de s'affronter dans diverses disciplines sportives – dont seront exclus les équipes de Russie et de Biélorussie, mais pas celles d'Israël; les compétiteurs des nations exclues pouvant participer individuellement sous "drapeau neutre".

Selon les autorités – les mêmes qui ont été les chevilles ouvrières de l'affaire covide, ces Jeux mettront l'accent sur l'innovation et la durabilité, dans le but de laisser un héritage positif à la ville et au pays – comme toujours, on peut s'attendre à ce que les bénéfices aillent aux multinationales et les déficits aux "cochons de payants", soit vous-mêmes chers lecteurs et concitoyens. Ils seront évidemment l'occasion de promouvoir la propagande LGBT de "la diversité et l'inclusion", et d'encourager la pratique du sport dans toutes les régions du monde – surtout devant son téléviseur...

Le jeu d'échecs ne figurent pas pas au programme de la grand-messe, dont les 45e Olympiades se tiendront à la mi-septembre 2024 à Budapest (Hongrie). En effet, bien qu'ils soient reconnus comme un sport par le Comité international olympique (CIO), les échecs ne font toujours pas partie du programme des Jeux Olympiques, malgré les nombreuses tentatives de la FIDE. D'ailleurs, même la simple intégration du jeu d'échecs dans le mouvement olympique en tant que sport d'exhibition a été une question controversée, comme on l'a vu lors des XIIe Jeux Odesur à Asunción.

Arguments en faveur de l'inclusion des échecs aux Jeux olympiques

Voici quelques arguments en faveur de l'inclusion des échecs aux Jeux olympiques :

  • Sport mental: les échecs sont considérés comme un sport mental qui requiert des capacités cognitives, stratégiques et de concentration intense.
  • Reconnaissance internationale: le jeu d'échecs est reconnu comme un sport par le Comité international olympique (CIO) et la Fédération internationale des échecs (FIDE) est la quatrième plus grande fédération sportive internationale avec le plus grand nombre d'organisations affiliées après le football, l'athlétisme et le basket-ball.
  • Réglementation antidopage: la FIDE est signataire du code mondial antidopage de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et dispose donc de ses propres règles antidopage et de lutte contre la tricherie dans le sport.
  • Équité et diversité: l'inclusion des échecs aux Jeux olympiques pourrait favoriser la diversité des disciplines sportives et promouvoir l'équité en reconnaissant les sports mentaux au même titre que les sports physiques.

Une réalité: le sport spectacle – certes, le plus bas des arguments...

Officiellement, le Comité international olympique (CIO) ne semble pas avoir une relation directe et ouverte avec le sport-spectacle, puisque, selon la Charte olympique, le CIO se concentre sur la promotion et le développement du sport en tant qu'activité physique et compétitive, plutôt qu'en tant que spectacle.

Toutefois, le CIO reconnaît que le sport peut avoir une relation avec le spectacle et le divertissement, et que cela peut attirer davantage de personnes à participer au sport. Il reconnaît en outre que l'importance du sport-spectacle aux Jeux Olympiques réside dans sa capacité à attirer un public plus large et plus diversifié, ce qui contribue à la diffusion et à la popularisation des (anti-)valeurs olympiques et du sport en général.

En tant qu'événement associant la compétition sportive au divertissement et à l'excitation, le sport-spectacle aux Jeux Olympiques parvient à capter l'attention de personnes de tous âges et de toutes cultures, encourageant la participation active du public et générant une atmosphère festive autour des compétitions alors même que l'humanité court à sa perte.

En outre, le sport spectaculaire aux Jeux Olympiques peut servir de plateforme pour inspirer les nouvelles générations, en présentant des athlètes de haut niveau s'affrontant dans des épreuves passionnantes et en motivant les jeunes à s'impliquer dans le sport. En ce sens, l'aspect spectaculaire des Jeux olympiques ne renforce pas seulement la compétition sportive, mais promeut également des valeurs telles que l'effort, le dépassement de soi et le travail d'équipe, transmettant ainsi un message positif et motivant à l'échelle mondiale.

Pourquoi les échecs ne figurent-ils pas au programme des Jeux olympiques ?

  • Effort physique limité: les échecs sont un jeu mental qui ne nécessite pas de composante physique, comme la plupart des sports olympiques. Cependant, le CIO considère que, malgré sa nature compétitive, la pratique de cette discipline ne démontre pas un effort physique évident comme la plupart des sports.
  • Compétition: bien que les échecs soient extrêmement compétitifs, ils n'ont pas la même nature physique que d'autres sports, tels que le football ou le basketball.
  • Structure: les échecs sont structurés à différents niveaux, mais n'ont pas la même structure organisationnelle que d'autres sports, tels que l'athlétisme ou le volleyball.
  • Soutien financier limité: l'une des conditions financières pour qu'un sport puisse être qualifié de sport olympique est d'avoir accès à un soutien financier accru de la part d'organisations gouvernementales et privées – ce qui démontre bien notre allusion plus haut aux "antivaleurs"... À cet égard, les échecs manquent de soutien financier de la part des grandes entreprises et marques occidentales. 
  • Les échecs ne sont pas un sport attirant la foule de spectateurs. Le sport spectacle se caractérise par une forme de divertissement, de distraction et d'amusement pour les personnes qui y participent ou y assistent. Le football, le basketball, le volleyball, le tennis, le hockey, la gymnastique et l'athlétisme, entre autres, en sont des exemples. Ce type de sport s'articule comme un produit de consommation et vise à divertir le public, en générant des émotions et des expériences par le biais de la compétition sportive. Cette catégorie se distingue par sa capacité à attirer un public nombreux et à créer une atmosphère festive et excitante autour des compétitions.
  • Si les échecs peuvent attirer un large public, le CIO préfère inclure des disciplines en plein essor telles que le break-dance, l'alpinisme sportif, le skateboard, le karaté, le baseball ou le surf.

Conclusions

Comme nous l'avons vu, les nouveaux sports tels que le break-dance, l'alpinisme et les eSports ont un fort caractère commercial qui a été pris en compte par les autorités du CIO car il s'agit de spectacles qui se vendent parce qu'ils attirent le segment des moins de 30 ans de la société occidentale. Ils réunissent dans une même vitrine spectaculaire (au sens de Guy Debord): la mode (vêtements, chemises, pantalons, baskets, casquettes de sport, consoles, programmes numériques, optiques, etc.), la musique, le cinéma, la télévision, la photographie et les boissons énergisantes, entre autres.

On peut donc penser qu'au-delà des "valeurs les plus élevées" du Mouvement olympique international, de puissants intérêts économiques et commerciaux ont privé d'autres sports moins traditionnels, moins reconnus universellement et moins pratiqués que les échecs, d'être présents à l'événement de Paris.


Après plus de vingt ans passés dans l'organisation du Festival international d'échecs de Bienne (Suisse), Paul Kohler en est maintenant le secrétaire général et le directeur du tournoi fermé des Grands Maîtres (GMT). Depuis septembre 2016, vous pouviez lire ses posts quotidiens et ses tweets pour ChessBase dans la langue de Molière. Dorénavant, c'est sur le portail francophone que vous pouvez lire ses articles.

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