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Par Vera Avramidou
Le jeu d'échecs n'est pas seulement un jeu intellectuel; c'est aussi un outil qui s'est avéré utile pour cultiver des compétences permettant de lutter contre la violence et l'agressivité. Ainsi, Ray Linville souligne que les échecs peuvent agir comme un catalyseur pour les enfants, notamment ceux qui sont confrontés à des difficultés sociales et économiques. Les statistiques américaines montrent que les tribunaux pour enfants traitent environ 17 millions de cas de délinquance par an. Les échecs ont été introduits comme alternative aux punitions traditionnelles avec des résultats remarquables.
Welsh affirme que l'implication de la communauté joue un rôle important dans la prévention et le traitement efficace de la violence juvénile (Welsh 2005). L'intégration des échecs dans ces structures peut améliorer l'efficacité globale des stratégies de prévention de la violence en offrant aux jeunes des exutoires créatifs pour leur énergie et leur agressivité.
L'un des principaux avantages du jeu d'échecs est sa capacité à renforcer la concentration et la discipline. Selon le programme Innovative Concept Academy, fondé en 2009 à St. Louis (USA), l'enseignement des échecs à des mineurs délinquants a amélioré leur discipline mentale, contribuant ainsi à réduire les comportements criminels et délinquants. Les échecs exigent de la concentration, de la patience et de la maîtrise de soi, des qualités qui font souvent défaut aux mineurs impliqués dans des actes violents. En outre, les échecs encouragent le respect et une saine compétition, qui sont des facteurs essentiels pour la résolution des conflits. Korenman et al. ont constaté que la participation à des programmes d'échecs aidait les adolescents à apprendre à respecter leurs adversaires, améliorant ainsi leurs compétences en matière de résolution des conflits. Cet aspect est particulièrement important dans le contexte de la violence juvénile, car de nombreux comportements violents découlent de conflits non résolus et d'un manque de compétences en matière de communication.
L'estime de soi et la confiance en soi jouent un rôle crucial dans la prévention de la violence chez les jeunes. Des programmes tels que Chess for Success dans l'Oregon, qui propose des cours d'échecs aux élèves des zones défavorisées, ont démontré que ceux-ci améliorent la confiance en soi des enfants et leur donnent un sentiment de réussite et d'estime de soi. Lorsque les enfants acquièrent de l'assurance grâce au jeu d'échecs, ils sont moins susceptibles de ressentir le besoin de recourir à la violence pour prouver leur valeur.
L'enseignement de la planification stratégique et de la patience est un autre moyen par lequel les échecs peuvent contribuer à la prévention de la violence. Lance Grigg, éducateur de renom, souligne que ce jeu apprend aux enfants à réfléchir avant d'agir et à prévoir les conséquences de leurs actes. Cette capacité est essentielle pour éviter les réactions violentes dans les situations de conflit quotidiennes. Promouvoir l'interaction sociale et l'unité Les échecs favorisent l'interaction sociale et la coopération, deux éléments qui peuvent réduire les tendances agressives chez les mineurs. Par exemple, le programme de développement des échecs en Afrique du Sud a montré que cet enseignement créé un environnement scolaire plus sûr et plus solidaire, réduisant ainsi les cas de violence (Esau, 2023). Ces résultats concordent avec ceux de Miao et al. qui ont souligné l'importance de l'engagement communautaire dans les programmes de prévention de la violence chez les jeunes, indiquant que des activités structurées comme les échecs peuvent favoriser des interactions sociales positives et réduire les comportements agressifs (Miao et al. 2011).
D'autre part, Esau souligne que les programmes d'échecs peuvent créer un sentiment d'appartenance à un groupe et de recherche d'un but, des facteurs qui protègent contre la violence. De nombreux jeunes impliqués dans des comportements violents proviennent souvent d'environnements dépourvus de soutien social positif. En proposant une activité structurée et attrayante, les échecs peuvent contribuer à combler cette lacune et offrir aux jeunes un exutoire créatif pour canaliser leur énergie.
Lors du premier tournoi d'échecs parlementaire aux États-Unis en 2014, la façon dont les échecs peuvent rassembler les communautés et améliorer l'interaction entre les différents groupes sociaux a été mise en évidence. Les écoles et les centres de jeunesse qui intègrent les échecs dans leurs programmes ont constaté une amélioration des compétences sociales de leurs élèves.
L'utilisation des échecs comme outil de prévention de la violence n'est pas seulement une innovation, mais une méthode efficace dont les résultats sont mesurables. Cultiver des compétences telles que la discipline, l'estime de soi, la patience et l'interaction sociale par le biais des échecs peut aider les jeunes à briser le cycle de la violence et à développer des valeurs positives pour leur vie. Des programmes comme ceux mentionnés ci-dessus montrent que le jeu d'échecs peuvent être un outil important pour prévenir la violence chez les mineurs à l'échelle mondiale.
Cet article a été extrait avec l'aimable autorisation du n° de septembre du magazine ECU.
Vera Avramidou, éducatrice et secrétaire du comité des échecs scolaires de la Fédération grecque des échecs, est professeur de grec et d'anglais et titulaire d'une maîtrise en éducation multiculturelle et en intégration des groupes vulnérables à l'école. Elle est enseignante à l'école primaire de Thessalonique et a enseigné pendant de nombreuses années dans des écoles du nord de la Grèce et du Pirée. Elle a également été directrice d'une école primaire de Naoussa, dans le nord de la Grèce, et formatrice d'adultes certifiée. Auteur du livre Teachers' intercultural competence and readiness: The case of Greek teachers detached abroad, elle a participé à de nombreux séminaires et conférences et a publié des articles dans plusieurs revues scientifiques. Elle a coécrit avec la Fédération grecque des échecs deux programmes éducatifs sur les échecs, soumis depuis mai 2022 et approuvés par l'Institut de politique éducative (IEP) du ministère grec de l'éducation, en vue de l'introduction des échecs dans les ateliers de compétences de l'école primaire. Elle a formé, avec quatre autres formateurs, une centaine d'enseignants aux deux programmes d'échecs pour les ateliers de compétences de l'école primaire, en collaboration avec le directeur régional de l'éducation. Elle est arbitre international, secrétaire du comité scolaire de la Fédération grecque des échecs et enseignante certifiée de l'Union européenne des échecs.